CONSTRUIRE, SURVIVRE ET RECONSTRUIRE
Oui, si nous en avions le moyen et le temps, sans doute pourrions-nous choisir entre travailler au sein d’une société du loisir et ne rien faire dans une société du plein emploi. Nous pourrions aussi œuvrer tard dans une société du travail, travailler à ne rien faire dans une société de l’oisiveté. Oui, nous pourrions refuser de nous agiter pendant que d’autres le font et choisir, choisir le moment et le pourquoi on finit par le faire...en revendiquer crânement les fruits!
Seulement voilà, tout nous prépare à chômer dans une société qui regrette l’époque où on donnait sa vie et sa conscience à son métier, une époque d’épopée ouvrière, une histoire racontée par les vainqueurs, une époque de fierté (?).
Tout nous prépare à l’angoisse. Tout nous dit qu’on n’a plus besoin de nous pour grossir, engraisser et grandir, pour consommer même et s’enrichir…
Alors que faire? D’autant que désormais, chaque fois que nous fabriquons, chaque fois que nous consommons, nous sommes coupables au regard des dégâts causés à la Terre. Doit-on lutter pour obtenir un emploi et se sentir utile? Doit-on veiller à ne pas écraser les fourmis dans l’herbe? Cette terre qu’on remue dans tous les sens, elle s’envole en poussière et lambeaux et se redépose un peu plus loin sur d’autres oripeaux... Devons nous, afin de survivre à toutes ces contradictions, nous dématérialiser, nous aussi?
BUILD, SURVIVE AND REBUILD
Yes, if we had the means and the time, undoubtedly we could choose between working within a society of leisure and do nothing in a society of full employment. We could also work later in a society of work, work to do nothing in a society of idleness. Yes, we could refuse to stir while others do and choose, choose the time and the why you eventually do... to claim boldly the fruit!
But the problem is, everything prepares us for unemployment in a society which regrets the time where one gave his life and his conscience to his profession, an era of working-class epic, a history told by the conquerors, a time of pride (?).
Everything prepares us for the anxiety. Everything tells us that we no longer need for us to swell, fatten and grow, even to consume and enrich...
So what to do? Especially now that, each time we produce each time we consume, we are guilty with regard to the damage caused to the Earth. Should we fight to get a job and to feel useful? Should we be careful not to crush the ants in the grass? This land that moves in all directions, she flies away into dust and fragments redeposited a little further on, on other accoutrements... Do we need in order to survive all these contradictions, dematerialize us, too?